La nécessité d'un État
Un État, même s'il est, bien sûr, pour ceux qui sont à sa tête, le moyen de dominer la population sur laquelle il exerce sa souveraineté, est la seule entité qui puisse protéger un peuple contre les puissances d'argent. En effet, celles-ci recherchent le profit maximum au mépris de toute autre considération.
Pour exister un État doit avoir la capacité de :
• battre monnaie ;
• faire les lois ;
• rendre la justice ;
• décider de la paix et de la guerre.
Jean Bodin (1530-1596)
De plus, afin de pouvoir assurer sa pérennité, un État doit avoir sous son contrôle ses grandes infrastructures, être capable de produire lui-même de quoi
nourrir sa population et d'assurer sa sécurité, tant des menaces provenant du dehors que du dedans - ce qui implique la formation et l'entretien de forces de sécurité, telles qu'une
armée et une police - et, idéalement, être capable de produire lui-même son armement.
Tout cela requiert un financement.
Par ailleurs, l'État est la seule institution qui soit capable et désireuse de financer des services publics. En effet, un service public a pour vocation, comme son nom l'indique, de servir le public et non d'accorder un retour sur investissement à des investisseurs. Cela peut sembler être une tautologie mais il semble nécessaire de le rappeler en ces temps où on ne cesse de nous répéter, sans que cela n'étonne ni ne révolte beaucoup de gens, que certaines parties de tel service public seraient déficitaires et devraient, par cela même, voir leurs activités clôturées.
L'équilibre budgétaire d'un service public peut être obtenu, entre autres, par un transfert de fonds des secteurs les plus rentables vers ceux qui ne le sont pas : cela permet de maintenir un service public dans des zones reculées qui, prises isolément, ne sont pas rentables.
Les investisseurs privés ne s'encombrent guère de telles considérations et, afin de dégager le profit maximum, ne conserveront que les parties les plus rentables d'un ensemble et fermeront celles qui le sont moins. De plus, les investisseurs privés rogneront toujours plus sur la qualité des services fournis ainsi que sur les marges de sécurité.
Finalement, certaines activités comme, par exemple, les réseaux de production et de distribution d'électricité nécessitent une gestion et des investissements avec un horizon en vue d'au moins 20, voire 30 ou 40 ans, ce qu'une entreprise nationalisée peut naturellement adopter, tandis qu'une entreprise privée ne pourra fonctionner qu'en termes de rendement à court terme.
Disposer d'un service public requiert un financement.
Finalement, afin d'assurer le bien-être de chacun, à tous les âges de sa vie, et en particulier dans les moments les plus difficiles, un État digne de ce nom se doit d'assurer une sécurité sociale à sa population. Des individus assurés de pouvoir compter sur la solidarité collective n'en seront que d'autant plus désireux de contribuer à l'effort collectif et verront leur productivité augmenter.
Disposer d'une sécurité sociale requiert un financement.
Le financement d'un État
Pour financer ses dépenses, en plus des recettes récoltées par l'usage des services publics, un État a recours à la fiscalité - le protectionnisme en étant une forme importante
- ainsi qu'aux exportations pour compte d'État. À ce sujet, il est important de comprendre, ce qui est fort aisé, que les exportations sont, en réalité, des importations de monnaie payées
par des biens ou des services tangibles.
Quand ses diverses recettes ne suffisent pas à alimenter le budget d'un État, celui-ci doit refinancer son économie, ce qu'une saine gestion ne devrait autoriser que par le moyen du financement monétaire. Même s'il est exact que l'augmentation de la masse d'une monnaie contribue à faire perdre à celle-ci de la valeur, cela importe relativement peu car, comme nous l'expliquions dans un précédent article, quand une monnaie perd de la valeur, cela présente les avantages suivants :
• les exportations sont favorisées, ce qui est bénéfique pour l'emploi local ;
• il y a une augmentation de la demande en tourisme intérieur, tant d'origine étrangère que nationale, ce qui est
bénéfique pour l'emploi local et augmente l'apport en devises étrangères ;
• il y a une augmentation de l'investissement étranger, ce qui est bénéfique pour l'emploi local.
Certes, les importations coûtent alors plus cher, mais cela présente l'avantage d'encourager la production et la consommation locales, ce qui est bénéfique pour l'emploi local ainsi que pour le développement intrinsèque du pays, particulièrement mais pas seulement, en matière d'autonomie alimentaire. De plus, consommer des produits locaux contribue au respect de l'environnement.
Un phénomène d'équilibre se créée donc : l'émission monétaire peut, dans un premier temps, déprécier la monnaie, mais cette dépréciation, favorisant les afflux de capitaux étrangers et les exportations, entraînera, in fine, une appréciation de la monnaie.
Il ne faut bien sûr pas émettre de la monnaie de façon inconsidérée, il faut simplement veiller à ce que la masse monétaire d'un État soit en rapport avec son
activité économique. En d'autres termes, émettre de la monnaie sert à financer l'activité économique : nourrir, loger, soigner, protéger, instruire et former la population, construire et
entretenir ce qui lui est nécessaire, utiliser et transformer les ressources de façon réellement utile et rationnelle ; tout cela créant de la richesse réelle.
Article 123 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE)
« 1. Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées «banques centrales nationales», d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l'Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres ; l'acquisition directe, auprès d'eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite. »
C'est ce qu'on appelle l'interdiction du financement monétaire.
Étant donné qu'il est interdit à la BCE de prêter aux pays de la zone euro, ceux-ci, afin de refinancer leurs économies structurellement déficitaires, se voient contraints d'emprunter sur les marchés financiers privés qui ne prêtent qu'à leurs conditions : non seulement ceux-ci imposent leurs taux d'intérêts mais, de surcroît, contraignent, notamment par le truchement des GOPÉ, les pays à adopter de désastreuses politiques d'ajustement structurel, prétendument afin de les aider à surmonter la « crise », crise apocryphe, putative même, qui dure depuis au moins 45 ans. Il n'y a pas de crise, le système fonctionne parfaitement bien pour ceux qui l'ont conçu et qui en bénéficient ; il s'agit d'un système de pillage et de domination par la dette : nous vivons en créocratie. Celle-ci est un système parfaitement rôdé depuis des siècles et absolument abject car, dès que de l'argent est prêté avec intérêt par un émetteur de monnaie, il y a plus d'argent dû qu'il n'en existe, ce qui a pour conséquence qu'il est impossible de rembourser l'ensemble de la dette.
Conclusion
Le pouvoir de création monétaire qui nous a été usurpé est utilisé comme moyen de
s'approprier les biens tangibles de l'économie réelle.
La Belgique doit recouvrer sa capacité à émettre elle-même sa monnaie. C'est une condition nécessaire pour qu'elle recouvre sa souveraineté et pour que nous puissions nous libérer de l'esclavage insensé de la dette.
La seule manière d'y arriver consiste à faire sortir la Belgique de ce carcan qu'est l'Union européenne par la mise en œuvre de l'article 50 du traité sur l'Union européenne.
Vous souhaitez participer à la mise en œuvre de cette solution ? Rejoignez-nous :
Mike Werbrouck
Président fondateur du MIB
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