Article 2 du protocole sur les statuts du Système européen de banques centrales (SEBC) et de la Banque centrale européenne (BCE)
« Objectifs
Conformément à l'article 105, paragraphe 1, du traité, l'objectif principal du SEBC est de maintenir la stabilité des prix. Sans préjudice de l'objectif
de stabilité des prix, le SEBC apporte son soutien aux politiques économiques générales dans la Communauté, en vue de contribuer à la réalisation des objectifs de la Communauté, tels que définis
à l'article 2 du traité. Le SEBC agit conformément au principe d'une économie de marché ouverte où la concurrence est libre, en favorisant une allocation efficace des ressources et en
respectant les principes fixés à l'article 4 du traité. »
Voilà l'intégralité de l'article 2 du protocole sur les statuts du SEBC et de la BCE qui traite des objectifs de SEBC et de la BCE. Ce seul objectif est de maintenir la stabilité des prix, en d'autres termes, de lutter conter l'inflation. Le lecteur qui n'a pas étudié la question pourrait croire, à première vue, que cet objectif est digne de ce nom or il n'en est rien !
L'inflation est-elle un problème en soi ?
Définissons tout d'abord ce qu'est l'inflation : il s'agit d'une
perte du pouvoir d'achat de la monnaie, perte qui se matérialise par une hausse générale et durable des prix. Ce phénomène peut également être nommé « érosion monétaire
». Retenons bien ce point de perte du pouvoir d'achat de la monnaie, il est essentiel, c'est un des deux mobiles ultimes de cet article 2 ; nous y reviendrons
à la fin de ce texte.
A priori, personne n'aime voir les prix monter, cela semble aller de soi. Cependant, est-ce réellement un problème ? En effet, imaginons que tous les prix soient, par exemple, doublés après une certaine période de temps. Tous les prix : ceux des biens et des services, la valeur des biens immobiliers, le montant des salaires, des pensions, des allocations, des impôts, tous les prix. Quelle en serait la conséquence sur le pouvoir d'achat de tous les travailleurs, pensionnés, allocataires et même des mendiants ? La conséquence sur le pouvoir d'achat de tous ces gens, qui représentent la quasi-totalité de la population, serait tout simplement inexistante ! En effet, si tout coûte deux fois plus cher et, qu'en même temps, les gens reçoivent deux fois plus d'argent, rien ne change pour eux : se procurer tel bien ou tel service représentera toujours pour eux la même proportion de leurs revenus.
Le plein-emploi : l'inflation par la demande
Imaginons maintenant une situation de plein-emploi où tout le monde gagne bien sa vie. Que se passerait-il ? Les gens voudraient profiter de leur salaire et se
procurer divers biens et services. Cette augmentation de la demande entraînerait une hausse des prix : cela s'appelle l'inflation par la demande.
Cela permet déjà de commencer à comprendre qu'il y a un lien entre le taux du chômage et celui de l'inflation.
Les travaux de William Phillips : la courbe de Phillips
William Phillips
William Phillips (1914-1975) est un économiste néo-zélandais qui a passé la majeure partie de sa carrière d'universitaire à la très prestigieuse London School of
Economics (LSE), université dont on compte, parmi les anciens élèves et professeurs, pas moins de dix-huit prix Nobel ainsi que plus de quarante chefs d'États ou de gouvernement, tels que, par
exemple, Sa Majesté la reine Margrethe II du Danemark ou encore feu le président des États-Unis d'Amérique John Fitzgerald Kennedy.
William Phillips, en étudiant des données britanniques, a constaté que, pendant les années où le taux de chômage était élevé, les salaires demeuraient stables ou en
baisse et que, réciproquement, quand le taux de chômage était bas, les salaires augmentaient rapidement.
Cela avait déjà été observé par Irving Fisher mais William Phillips publia, en 1958, son propre travail sur ce rapport entre l'inflation et le chômage, illustré par
la courbe de Phillips.
Comme on le voit, il existe bien une relation inversement proportionnelle entre le taux d'inflation et le taux de chômage.
Illustrons maintenant une situation où il y a un certain taux d'inflation y et un certain taux de chômage correspondant : x.
Imaginons ensuite qu'on lutte efficacement contre l'inflation et que celle-ci descende au taux y'. Qu'adviendrait-il du chômage ? Celui-ci augmenterait ! En effet,
nous pouvons observer sur notre graphique que la droite horizontale, correspondant à l'inflation, rencontre la courbe de Phillips plus loin, à un endroit où le chômage est plus
élevé.
En d'autres termes, plus on lutte contre l'inflation, plus on augmente le chômage. La réciproque est vraie : plus on lutte contre le chômage, plus
on augmente l'inflation. Ces deux paramètres sont en relation inversement proportionnelle. Et comme on peut le constater aisément sur le graphique, vouloir éradiquer les derniers petits pour cent
d'inflation entraîne une hausse massive du chômage : la petite réduction d'inflation de y à y' se paye par l'immense augmentation de chômage de x à x'.
Comme il est bien sûr toujours possible d'aggraver une situation, il a existé, au cours de l'histoire, des épisodes où il y avait simultanément une forte inflation accompagnée d'un fort taux de chômage. Ce fut le cas, par exemple, en Allemagne au début des années 1920.
En revanche, il n'existe aucun exemple où auraient coexisté une faible inflation et un faible taux de chômage, jamais.¹
¹Il est important de savoir qu'il se s'agit nullement d'une loi naturelle inéluctable mais d'une simple constatation empirique résultant du modèle économique qui
nous est imposé. La société capitaliste pose le choix de créer volontairement du chômage afin de disposer d'un terrible moyen de pression sur les salariés, ce qui permet de tirer les
salaires et les conditions de travail à la baisse. Dans une société qui ne chercherait pas asservir ses travailleurs, le chômage pourrait être neutralisé très aisément. Le
chômage est un choix politique !
Le NAIRU
Les observations de William Phillips ont donné jour au concept du NAIRU :
le Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment.
En français : le taux de chômage n'accélérant pas l'inflation.
Un certain taux de chômage est nécessaire afin que l'inflation ne dépasse pas un certain niveau voulu.
Mais alors, pourquoi font-ils cela ? Cui bono ?
Les gens qui nous gouvernent, pas les marionnettes pour lesquelles nous votons et qui ne peuvent pas tenir les engagements pour lesquels elles ont été élues, non,
ceux qui détiennent réellement le pouvoir, ceux qui tirent les ficelles à travers les institutions de la dictature de la prétendue construction européenne, pourquoi font-ils cela ? Il ne faudrait surtout
pas croire que ce sont des gens stupides, ignorants ou incapables ; au contraire : ils sont parfaitement intelligents, instruits et compétents ; ils savent exactement ce qu'ils font. Mais alors... Pourquoi ?
La réponse est on ne peut plus simple et tient en deux éléments :
1° L'inflation, l'érosion monétaire, est nuisible aux détenteurs du capital. Quelqu'un qui n'a comme richesse qu'une immense somme d'argent verra sa richesse pécuniaire relative diminuer avec toute perte du pouvoir d'achat de la monnaie. Imaginez quelqu'un qui aurait pour seule richesse un capital d'un milliard d'euros. Si, à cause de l'inflation, tous les prix ont doublé après un certain temps, pour reprendre l'exemple du début de notre article, alors cette personne verra son pouvoir d'achat divisé par deux.
L'inflation nuit aux détenteurs du capital, tandis qu'elle ne touche aucunement les bénéficiaires de salaires ou d'allocations indexés sur l'inflation.
2° Un taux de chômage élevé permet aux détenteurs du capital d'exercer une pression maximale sur les salaires afin de garantir la docilité des salariés.
Ce point est dénoncé, par exemple, par Étienne Chouard depuis de nombreuses années, comme lors de cette conférence qu'il a donnée le 22 octobre 2011 :
Étienne Chouard, le 22 octobre 2011
Voilà le mobile de cet article 2 du protocole sur les statuts du SEBC et de la BCE : l'oligarchie financière utilise le SEBC et
la BCE comme un instrument de domination afin de préserver son pouvoir d'achat et - bien pire ! - afin de créer, cyniquement, un chômage de masse dans le but de s'assurer la docilité des
travailleurs !
Il est souvent utile de se poser la question de savoir à qui profite le crime : Cui bono ?
C'est celui qui a l'or qui dicte la loi
Battre monnaie est le premier des quatre attributs de la souveraineté.
Mayer Amschel Rothschild (1744-1812),
fondateur de la dynastie bancaire des Rothschild,
« père de la finance internationale »
l'avait exprimé très clairement :
"Give me control of a nation's money and I care not who makes its laws."
Ce qui signifie en français :
« Donnez-moi le contrôle de la monnaie d'une nation et je ne me soucie pas de qui fait ses lois. »
Et pour être certaine de pouvoir agir, en toutes circonstances, à sa guise afin de servir uniquement ses propres intérêts, l'article 7 du protocole sur les statuts du SEBC et de la BCE précise que ni la BCE, ni une banque centrale nationale, ni un membre quelconque de leurs organes de décision n'a aucun compte à rendre à quelque gouvernement que ce soit.
Que faire ?
La conclusion à en tirer est on ne peut plus simple : il faut sortir de la zone euro.
S'il n'y avait que cette terrible question du NAIRU, il faudrait déjà sortir immédiatement de la zone euro. Or l'appartenance de la Belgique à
celle-ci pose, en plus, de nombreux autres problèmes importants, qui sont brièvement exposés dans la page de présentation du MIB et qui seront développés plus en détails dans d'autres articles, comme par exemple dans celui-ci, celui-ci ou encore celui-ci.
Sortir de la zone euro est très simple : il suffit de sortir de l'Union européenne par la mise en œuvre de l'article 50 du traité sur l'Union européenne qui prévoit qu'un pays peut déclarer unilatéralement sa sortie de l'Union européenne. De plus, un pays membre de la zone euro pourrait tout simplement décider de recommencer à émettre sa monnaie nationale ; cette mesure pouvant être introduite en douceur en se contentant d'émettre une monnaie complémentaire qui n'aurait pas, dans un premier temps du moins, un plein pouvoir libératoire. Sortir de l'euro est donc particulièrement simple : il suffit de le décider.
Vous voulez contribuer à la mise en œuvre de cette solution ? Rejoignez-nous :
Mike Werbrouck
Président fondateur du MIB
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